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Le brigand et le fantôme de la prairie

Au cœur d’une vaste prairie fleurie, où chaque brin d’herbe dansait au rythme du vent, vivait un brigand du nom d'Alaric. Connu de tous pour ses tours pendables, Alaric avait le cœur aussi noir que ses vêtements et rêvait nuit et jour de trésors et de richesses.

Un crépuscule teinté de pourpre et d’or, alors qu’Alaric préparait son prochain méfait, il trébucha sur une pierre moins ordinaire que les autres. D’un gris sombre, elle était gravée de symboles que même la lune peinait à éclairer. Intrigué, Alaric la nettoya machinalement, ignorant qu’il réveillait ainsi un esprit séculaire dormant sous la terre fraîche de la prairie.

— Qui ose perturber mon repos ? gronda une voix éthérée.

Alaric se redressa, scrutant les alentours, mais ne vit que l’herbe caressée par le vent. Puis, sous ses yeux écarquillés, une silouhette translucide émergea, flottant au-dessus de la pierre.

— Je suis Faramond, le Gardien de ces Terres, continua le fantôme, le regard empli d’une lueur ancienne.

— Un fantôme ? balbutia Alaric, reculant d'un pas.

— Tu as libéré mon essence, brigand. Pour quelle raison as-tu perturbé mon sommeil éternel ?

Alaric, toujours en quête d’opportunités, eut une idée audacieuse.

— Ô grand Faramond, je suis en quête de trésors immenses ! Peut-être pourrais-tu m'aider ?

— Les richesses ? Pour un cœur aussi sombre que le tien ? répliqua le fantôme, sa voix emplie de vent. Les trésors ne sont pas destinés à ceux qui ne respectent pas la liberté d'autrui.

La réprobation dans la voix de Faramond fit frissonner Alaric, non pas de peur, mais d'humiliation. Toutefois, son désir de richesse l’emporta.

— Aidons-nous l’un l’autre. Je peux te rendre un service en échange de ton aide, proposa le brigand, sans vraiment savoir à quoi s'engager.

— Très bien, dit Faramond après un long silence. Tu cherches des trésors, mais as-tu déjà songé au plus précieux d'entre eux ?

— L’or ? Les pierres précieuses ? suggéra Alaric, l’œil brillant d'avidité.

— Non, la liberté, rétorqua fermement le fantôme. Va, et apprends ce que signifie la liberté qui honore celle des autres. Retrouve-moi ici à l’aube. Ton épreuve commencera à ce moment.

Sans attendre de réponse, Faramond disparut, laissant Alaric seul sous le ciel étoilé. Perplexe, le brigand se demanda comment la quête de la liberté pourrait l’enrichir.

Le lendemain, dès l’aube, Alaric retourna à la pierre, trouvant Faramond déjà là, flottant dans la brise matinale.

— Pour comprendre la liberté, tu devras aider sans rien attendre en retour. La prairie t'offrira trois rencontres. Souviens-toi de mon conseil, dit Faramond avant de disparaître.

Alaric, encore dubitatif, commença à marcher au hasard dans la prairie. Bientôt, il croisa un renard, la patte prise au piège d'un ancien engin de fer.

— Aide-moi, je t'en prie, implora l'animal, les yeux luisants de douleur.

Se rappelant la mission que Faramond lui avait confiée, Alaric libéra le renard, qui, une fois libre, lui dit :

— Merci, brigand au grand cœur. Tu as respecté ma liberté; puisses-tu découvrir le véritable trésor.

Poursuivant sa route, Alaric rencontra ensuite un arbre dontles branches étaient enchevêtrées, l'empêchant de s'épanouir sous le soleil.

— Ô brigand, pourrais-tu défaire ces liens qui m'entravent ? murmura l'arbre d'une voix fluide comme le murmure du ruisseau.

Sans hésiter, Alaric se arma de courage et retira doucement les branches enchevêtrées. L'arbre sembla s'étirer et gonfler ses feuilles, libéré de sa contrainte.

— Merci, gentil brigand, souffla l'arbre, gratifiant Alaric d'une pluie de feuilles d'or. Souviens-toi, la liberté est un cadeau précieux à chérir.

Enfin, sur le chemin de retour, Alaric aperçut un groupe d'oiseaux en cage, chantant mélancoliquement sous le regard impitoyable d'un marchand.

— Libérez-nous, s'il vous plaît, lançaient-ils d'une seule voix, les plumes ébouriffées par le manque de liberté.

Ému par leur supplication, Alaric s'approcha du marchand et, sans un mot, ouvrit les portes des cages. Les oiseaux s'envolèrent aussitôt, remplissant l'air de leurs chants joyeux, tournoyant autour du brigand en signe de gratitude.

— Merci, noble brigand, chanta l'un des oiseaux. La liberté nous appartient à tous, elle est notre trésor commun.

Alaric sentit son cœur se réchauffer, une lueur nouvelle brillant dans son regard. Il comprit enfin que la véritable richesse résidait dans le respect de la liberté de chacun, dans l'entraide désintéressée et la générosité du cœur.

De retour à la pierre où il avait rencontré Faramond, le fantôme apparut une dernière fois, le regard empreint de sagesse.

— Tu as appris ta leçon, brigand Alaric. La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. Désormais, que ton cœur soit guidé par la bienveillance et le respect envers tous ceux que tu rencontreras.

Alaric hocha la tête, reconnaissant, tandis que Faramond s'évanouissait pour la dernière fois, le laissant seul dans la prairie baignée de lumière.

Dorénavant, Alaric devint le brigand au grand cœur, aidant ceux dans le besoin, respectant la liberté de chacun et répandant la générosité partout où il passait. Et c'est ainsi que la prairie fleurie devint le refuge des âmes en quête de liberté, où planait toujours, dans le vent du soir, la bienveillance du fantôme de Faramond.

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