Retour à la liste
http://Turbulences%20et%20camaraderie%20à%20l'aéroport%20-%20Une%20histoire%20Koalia%20stories

Turbulences et camaraderie à l’aéroport

Dans le grand brouhaha de l'aéroport de Saint-Nuage, un âne nommé Caramel marchait d'un pas décidé mais un peu anxieux. C'était la première fois qu'il mettait les sabots dans un tel lieu. Entre le va-et-vient des voyageurs et le zinzin des annonces, son cœur battait la chamade.

— Oh là là, que c'est impressionnant tout ça! se dit-il tout haut, le museau frémissant.

Caramel portait des lunettes rondes, légèrement teintées, pour corriger sa petite myopie et parfois pour se donner un air savant. Ces lunettes étaient sa fierté et lui permettaient de voir chaque détail du monde qui l'entourait.

Il était venu à l'aéroport pour une raison bien particulière. Dans son village, une vieille légende racontait qu'un avion nommé Le Courageux avait autrefois traversé les nues pour relier deux cœurs séparés par la distance. Caramel, rêveur et aventurier dans l'âme, souhaitait suivre cette route aérienne pour retrouver son ami d'enfance, perdu de vue depuis des années.

Alors qu'il scrutait les panneaux d'affichage, ses lunettes glissèrent sur son museau humide et tombèrent sur le carrelage luisant avec un petit bruit sec.

— Oups! s'exclama-t-il.

Il se baissa pour les ramasser mais, avant qu'il y parvienne, un autre âne les ramassa avec adresse à l'aide de ses lèvres. Cet âne, plus grand et d'une robe brun foncé, portait une chemise à carreaux et un chapeau de paille insolite pour un lieu comme celui-ci.

— Ce sont les vôtres je présume ? demanda l'étranger en lui tendant les lunettes avec délicatesse.

— Oh, merci infiniment! Je me serais senti bien démuni sans elles, répondit Caramel en ajustant ses lunettes avec reconnaissance.

— Mais pas de quoi, je suis Azur, comme le ciel, ajouta le grand âne en lui offrant un clin d’œil complice.

Caramel, ravi, lui expliqua alors son incroyable projet.

— Le Courageux, tu dis ? s’émerveilla Azur. Quelle formidable aventure tu entreprends là!

Sans crier gare, une bourrasque agita les affiches et les chapeaux, annonçant l'arrivée d'un avion invisible à l'œil nu. Les deux ânes se rapprochèrent instinctivement.

— Il y a du vent dans les voiles aujourd'hui! commenta Azur, en maintenant fermement son chapeau.

Soudain, un petit groupe de passagers pressés, engloutis dans leurs pensées, bousculèrent Caramel et Azur. Dans la cohue, les lunettes du jeune âne s'envolèrent de nouveau, mais cette fois, elles atterrirent sur le tapis roulant des bagages, qui les emporta en douceur, mais sûrement, vers un trou noir inconnu.

— Mon Dieu, mes lunettes! s'affola Caramel, les yeux écarquillés.

Sans perdre une seconde, Azur et Caramel se lancèrent à leur poursuite. Entre les valises colorées et les sacs de toutes formes, les deux ânes slalomèrent avec une étonnante agilité. Mais alors que les lunettes étaient presque à portée, elles disparurent dans les entrailles de l'aéroport.

— Ne t'inquiète pas, Caramel. Nous les retrouverons, dit Azur, posant une patte rassurante sur l'épaule de son nouvel ami.

Décidés à ne pas se laisser abattre, les deux compères interrogèrent une sympathique agente de service, qui les guida vers le service des objets perdus. Pendant leur poursuite, les deux ânes apprirent à mieux se connaître, se racontant leurs rêves et leurs périples passés.

— As-tu déjà voyagé jusqu'aux étoiles ? demanda Caramel, les yeux brillants.

— J'ai plutôt exploré les océans de prairies, raconta Azur. Mais ensemble, nous toucherons les étoiles et retrouverons tes lunettes !

Ils finirent par arriver à une petite porte discrète, derrière laquelle régnait une dame cerf-volant. Avec sa robe imprimée de nuages et ses yeux pétillants, elle semblait veiller sur les trésors perdus comme sur un véritable royaume.

— Bonjour messieurs, comment puis-je vous aider dans ce ciel de valises ? demanda-t-elle avec un sourire plein de malice.

— C'est à propos de ces lunettes rondes, prisent dans le tourbillon du tapis roulant, expliqua Caramel d'une voix tremblante.

La dame cerf-volant les invita à chercher ensemble parmi les objets oubliés. Des montagnes de lunettes, de jouets, de livres et même de chaussettes attendaient d'être réclamés.

— C'est sans fin ! s'exclama Azur, époustouflé par la quantité d'objets.

Caramel, quant à lui, fouillait avec ferveur, regrettant amèrement le soutien que lui offraient habituellement ses lunettes dans les détails. Mais alors que le désespoir menaçait de se glisser dans leur quête, une étincelle de verre accrocha la lumière sous un vieux chapeau.

— Là! s'exclama-t-il, reconnaissant ses lunettes parmi tout ce fouillis.

Les deux acolytes sautèrent de joie, s'ébouriffant les crins dans une danse de la réussite.

— Nous avons réussi grâce à notre entraide ! s'exclama Caramel, prodiguant un regard reconnaissant à son ami.

Finalement, Caramel put reprendre son chemin vers son ami d’enfance, porteur d'une conviction renforcée. Azur l’accompagna jusqu’à la porte d’embarquement, promettant de se retrouver après ce voyage pour partager de nouvelles aventures.

Et dans le grondement des moteurs, Caramel réalisa que les plus belles traversées ne sont pas seulement celles qui se mesurent en distance, mais en amitié et en solidarité.

Leur quête pour des lunettes perdues leur avait donné un trésor bien plus précieux : le courage de réaliser ses rêves, mais jamais seul.

Partager

Laisser un commentaire

cinq − trois =