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Lutin Glissades et le Mouton sur Glace

Sur les bords gelés d'un village enneigé, une patinoire scintillait sous les étoiles de l'hiver. Les villageois venaient souvent y virevolter, mais ce soir-là, une créature peu commune avait chaussé ses patins : c'était Léonin, le lutin glisseur aux mille et une pirouettes.

Léonin était connu pour ses cabrioles et son manteau de velours vert décoré de grelots qui tintinnabulaient à chacun de ses sauts. Ce soir, il s'était mis en quête d'une aventure étincelante. À peine avait-il posé un pied sur la glace que la lune pleine offrit une douce lumière argentée, illuminant ses boucles noires comme l'anis.

— Fi des trésors cachés et des mystères de la forêt, ce soir je vais conquérir cette patinoire de cristal ! proclama-t-il avec entrain.

Le lutin entama une ronde endiablée, sous les rires des flocons qui dansaient autour de lui. Soudain, en plein milieu de la glace, une forme blanche et douillette attira son attention. C'était un mouton, recroquevillé sur lui-même, semblant perdu dans ce monde de froid. Le pauvre avait l'air aussi étonné que Léonin. Ses boucles lanugineuses n'étaient pas faites pour les arabesques glaciales !

— Oh, bonsoir ! Qui es-tu donc, petit mouton frissonnant sur ma scène glacée ? s'enquit le lutin en s'approchant avec précaution.

Le mouton leva vers lui de grands yeux ébahis.

— Bêêê, je m'appelle Laine, et je suis bien confus d'interrompre ta glissade… je cherchais un endroit douillet pour repos.

— Mais comment es-tu donc arrivé ici ?

— Oh, c'est une longue histoire… Je suivais le chemin de mes rêves quand, soudain, je me suis retrouvé ici, sur cette surface luisante et bien trop glissante pour mes sabots.

— Ne t'en fais pas, Laine. Je vais t'aider à trouver un coin douillet. Mais avant, ne voudrais-tu pas tenter l'aventure de la glace ?

Le mouton hésita, mais son nouvel ami lutin avait l'air si confiant et amical qu'il ne put s'empêcher de sourire.

— Bêêê, d'accord, mais seras-tu là pour me guider ?

— Mais certainement, cher Laine ! Nous serons des compagnons inséparables jusqu'à l'âme douce de ton refuge !

Léonin enseigna donc à Laine la manière de se tenir sur la glace, lui montrant des astuces pour ne pas glisser et des pas élémentaires pour rejoindre la rive sans chute. Ils glissèrent ensemble, créant un duo étonnant, le lutin et le mouton s'entraînant dans une valse hésitante.

— Vois-tu, Laine, même les rencontres les plus improbables peuvent mener à de merveilleuses complicités ! s'exclama le lutin en l'aidant à se relever d'une glissade inopinée.

Le mouton, peu à peu, se laissa emporter par le jeu, et tous deux rièrent de bon cœur. Cependant, Laine semblait avoir encore quelque chose sur le cœur. Après plusieurs tours de patinoire, il s'arrêta et regarda Léonin avec un soupçon de mélancolie.

— Tu sais, Léonin, je suis heureux d'avoir fait ta connaissance, mais le froid me pèse, et quelque part dans mon cœur, je ressens l'absence d'un lieu chaud et paisible.

— Dis-moi, Laine, y a-t-il autre chose qui te manquerait par hasard ? demanda Léonin, les yeux plissés par l'intuition.

Laine baissa les yeux vers ses sabots et trituta la glace du bout du sabot.

— Oh oui… mon doudou. Un petit oreiller de laine que j'emporte partout avec moi pour me sentir en sécurité. Je l'ai perdu, et sans lui, je me sens bien seul même en ta compagnie.

Un éclat de détermination brilla dans les yeux de Léonin.

— Alors nous le retrouverons, mon ami ! Chaque aventure a besoin de sa quête.

Le lutin et le mouton commencèrent donc une nouvelle mission : retrouver le doudou perdu de Laine. Ils commencèrent par les abords de la patinoire, là où la neige était la plus épaisse. Léonin, avec ses yeux vifs, inspecta chaque centimètre carré et souleva même de petites dunes de neige.

— Par ici, il laisse une trace assez reconnaissable, un petit sillon de douceur dans le manteau de l'hiver, plaisanta le lutin pour donner du cœur à l'ouvrage.

Après avoir quadrillé la zone sans succès, Léonin eut une brillante idée.

— Parfois, pour retrouver ce qui est perdu, il faut revenir à l'endroit exact de la perte. Pouvons-nous retracer tes pas ?

Le mouton hocha la tête, ses pensées aussi claires que l'eau d'une source cristalline.

— Bêêê, oui, mais je crains de n'être plus très sûr du chemin emprunté. Tout est si blanc et si semblable ici.

— Alors ferme les yeux, et laisse ton cœur te guider. Il connaît le chemin vers ce qui compte vraiment pour toi.

Laine s'appliqua à écouter le battement apaisant de son cœur. Sous les encouragements de Léonin, il se mit peu à peu en marche, guidé par un instinct silencieux.

Et ce fut comme une magie : là, à quelques foulées de l'endroit où ils s'étaient rencontrés, sous un petit amas de neige scintillante, reposait le précieux doudou en laine. Laine le prit tendrement entre les dents et le serra contre lui avec gratitude.

— Bêêê, Léonin, tu es un véritable ami. Sans toi, je n'aurais jamais retrouvé mon cher doudou. Je ne me suis jamais senti aussi léger !

— L'amitié est le plus précieux des trésors, répondit le lutin en lui donnant une tape amicale sur l'épaule.

Tous deux retournèrent sur la patinoire et décidèrent de célébrer ces retrouvailles en exécutant une dernière danse sous la lune. Le mouton, avec son doudou autour du cou et le lutin, avec ses grelots tintinnabulant, offrirent aux étoiles une parade rayonnante de joie et de complicité.

Et depuis ce jour, chaque soir d'hiver, quand la patinoire semblait n'appartenir qu'à la lune et aux étoiles, on pouvait apercevoir un lutin et un mouton, se donnant la patte et la patte d'amitié, glissant et tournoyant, toujours fidèles l'un à l'autre sur le miroir de glace de leur féérie hivernale.

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