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L’Amitié Inattendue au Coeur des Arènes

Au milieu des montagnes se dressaient des arènes antiques, sculptées dans la pierre par des géants d'un autre temps. Ces colosses circulaires, aujourd'hui envahis par la mousse et les lierres, étaient le théâtre de récits épiques, résonnant encore des échos des exploits passés. Mais ce que nul n'aurait pu deviner, c'est que ces arènes oubliées allaient devenir le foyer d'une amitié aussi étonnante que merveilleuse.

À l'ombre des gradins, sous un amoncellement de roches et de terre recouverte d'un patchwork vert d'herbe et de trèfle, habitait Trublion, le troll des montagnes. Trapu et vigoureux, avec une chevelure emmêlée d'un brun épais comme les racines d'un vieux chêne, Trublion passait ses jours à réparer ce qui était brisé et à façonner ce qui pouvait l'être. Des pierres polies par ses mains habiles ornaient l'enceinte des arènes telles des bijoux, rappelant le lustre des jours de joutes et de jeux.

Un soir, alors qu'un soleil rougeoyant lançait ses derniers adieux au monde, Trublion, assis sur un bloc de pierre, taillait une flûte dans un bois d'amarante cueilli dans la forêt voisine. Les notes mélodieuses s'échappaient entre ses doigts, s'élevant dans l'air comme un appel mystérieux, une berceuse pour les étoiles qui naissaient dans le ciel.

— Ah, que n'ai-je un public pour apprécier ma musique! soupira Trublion, en posant la flûte sur ses lèvres pour une dernière mélodie.

Au même instant, la surface d'un étang non loin des arènes, qui capturait la lueur de la lune comme un miroir d'argent, frémit inexplicablement. Une forme émergea doucement des eaux, portée par une vaguelette qui semblait danser au rythme du chant du troll. C'était Mélodia, la sirène, dont la chevelure était aussi luisante et ondoyante que les vagues sur lesquelles elle s'appuyait. Ses yeux, tels des saphirs liquides, brillaient de curiosité tandis qu'elle écoutait, fascinée, le concert solitaire.

— C'est une mélodie des plus délicieuses, dit-elle d'une voix suave qui semblait élaborer ses propres harmonies.

Trublion, surpris, glissa de son siège mais se reprit avec agilité. Il n'avait jamais vu de sirène auparavant et était émerveillé par la grâce de cette créature mi-femme, mi-poisson, dont les écailles scintillaient sous l'éclat lunaire.

— Qui es-tu, créature des eaux? demanda Trublion, son coeur battant un rythme nouveau.

— Je suis Mélodia, chanteuse des profondeurs, la rencontre avec toi est un bonheur.

Trublion, gagné par son enthousiasme, l'invita à partager son espace, à lui faire connaître les arènes. Mélodia, débordante de curiosité, accepta.

Les jours suivants, Mélodia visita chaque repli de cet amphithéâtre, s’émerveillant devant les sculptures que Trublion avait restaurées. Ensemble, ils discutaient, riaient, et apprenaient l’un de l’autre. Mais c'est pendant les clairs de lune que leur amitié se tissa le plus fort, lorsque Mélodia chantait, accompagnée par la flûte de Trublion.

Un matin éclatant de lumière, une rumeur parvint à leurs oreilles. Des visiteurs s'approchaient des arènes, guidés par des légendes qui parlaient d’une sirène aux chants enchanteurs et d'un troll musicien dans un lieu magique où l'art de la musique pouvait guérir les cœurs meurtris. D'abord méfiant, Trublion vit en leur venue une opportunité. Lui, si habitué à la solitude, pourrait devenir le garant d'un lieu de rencontre et de guérison pour ces voyageurs cherchant réconfort.

Les jours devinrent des semaines, et les semaines s'épanouirent en saisons. Les arènes, vivantes des rires et des chants, devinrent un sanctuaire où les âmes solitaires trouvaient un écho à leur quête. Un petit marché s’établit au bord de l'eau, et des bateaux amarraient pour écouter le duo extraordinaire.

Trublion, autrefois seul gardien des arènes, était maintenant le maestro d'un orchestre grandissant, chaque artiste venant ajouter sa note à la symphonie. Quant à Mélodia, elle enseigna aux enfants l'art de la chanson et de la poésie, éveillant en eux un amour pour les merveilles cachées sous les vagues et au-delà des montagnes.

Le lien entre le troll et la sirène, fondé sur la mélodie et la magie du hasard, avait tissé autour d'eux un tapis de solidarité et de joie.

— Regarde, Trublion, comme notre amitié a embelli ce monde, s'émerveilla Mélodia une nuit, alors que les étoiles brillaient et que les lanternes flottantes dessinaient des traînées de lumière sur l'étang.

— Oui, Mélodia, gronda le troll avec tendresse, nos coeurs comme nos voix sont unis dans une chanson éternelle.

Et c’est ainsi que les arènes, autrefois silencieuses, trouvèrent une nouvelle vie grâce à deux êtres que tout semblait opposer, mais qui, unis par leur amour de la musique et l'espoir, dévoilèrent à tous les puissants liens de l'amitié.

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