Aux confins d'un ouest encore sauvage, les montagnes se dressaient telles des géants de pierre au milieu des plaines arides. Là, vivait un cow-boy hors du commun, nommé Valentin, qui chevauchait non pas un étalon hennissant mais un robuste bison nommé Grondeterre. Ses bottes laissaient des empreintes profondes et son grand chapeau ombrageait un sourire malicieux qui ne le quittait guère. L’aventure qui se préparait allait bientôt graver une légende dans les mémoires de ces lieux immuables.
— Sacré bison, on va vivre quelque chose de grandiose, tu le sens, toi aussi ?
Grondeterre grogna d'aventure, tant il était complice avec son inséparable cavalier.
Le cowboy aimait soliloquer tout haut, question d'habitude. Il pressentait que quelque mystère se cachait derrière la montagne qui dominait le reste du paysage, sévère et impénétrable.
Ce matin-là, un vent impétueux semblait vouloir lui conter une histoire. Valentin ajusta son chapeau et fit un signe à Grondeterre. D'une allure décidée, ils côtoyèrent la montagne, lorsque soudain, un sentier inconnu attira leur regard. Oubliant prudence, Valentin se lança à l'assaut des sommets inexplorés.
Plus ils montaient, plus l'air devenait vif et le chemin étroit. Une brume légère voilait parfois le paysage, mais rien ne pouvait ébranler la curiosité du cow-boy. Et puis, dans une clairière embrumée, il vit une cabane aussi insolite qu'inattendue.
— Qui vivrait ici, en ces hauteurs spartiates ? se demanda-t-il.
À peine sa question effleurait-elle l'air glacé qu'une silhouette émergea de la cabane. C'était un maître-nageur, équipé d'un sifflet et d'une bouée rouge et blanche, comme échappé d'une plage de cartes postales.
— Comment donc êtes-vous parvenu jusqu'ici ? demanda le cow-boy, incrédule.
— Je suis Victor, le gardien des lacs secrets de la montagne, répondit l'homme avec assurance.
Valentin pinçait sa moustache, ajoutant, incertain :
— Mais nous sommes à mille lieues de toute étendue d'eau !
— Il y a plus entre le ciel et la terre que ce qu'on peut voir de la surface, énigmatique, Victor invita le cow-boy à entrer dans sa cabane.
L’intérieur était singulièrement meublé : des palmes, des tubas et même des maillots de bain pendus ici et là. Puis, l'objet le plus extraordinaire qui attira l’œil de Valentin… un ordinateur dernier cri, qui semblait détonner avec la simplicité rustique des lieux.
— D'où vient ce bijou technologique ?
— Ah, il capte la moindre goutte d'eau perdue dans les montagnes, et m'aide à veiller sur ce trésor inestimable.
Valentin frissonnait d'envie. Son esprit aventureux s'était déjà imaginé naviguer sur les flots numériques de cet outil merveilleux.
— Y a-t-il donc un lac caché près d'ici ? demanda le cow-boy, la voix chargée d'impatience.
— Il y en a plusieurs, en réalité, et un en particulier recèle un secret vertigineusement profond.
Victor raconta alors la légende d'un lac dont les eaux avaient la propriété mystérieuse de refléter non pas les visages, mais les âmes. Ceux qui s'y regardaient découvraient invariablement une vérité sur eux-mêmes.
— Mais pourquoi garder un tel mystère caché des hommes ? s’interrogea Valentin.
— Car la vérité, parfois, peut être lourde à porter, assura le maître-nageur avec un sérieux inhabituel.
Les heures défilaient, et l'atmosphère singulière de la cabane semblait moduler le cours du temps. Dialogues et rires se mêlèrent jusqu'à ce que la nuit enveloppe fermement la montagne de son voile obscure.
Au petit matin, Victor conduisit le cowboy et Grondeterre vers le lac secret. Valentin resta muet devant la beauté de l'eau miroitante, parfaitement encerclée par les montagnes majestueuses.
Il s'approcha de la berge et observa son reflet. Ses yeux ne lui renvoyèrent pas seulement l'image d'un cow-boy aventureux, mais dévoilèrent l'éclat d'un homme au cœur empli de justice et de vérité.
— Vois-tu ce que je vois, Victor ? murmura-t-il d'une voix douce.
— J'observe un homme qui a appris que la vérité est un trésor plus précieux que mille pépites d'or.
Avec humilité, Valentin comprit que la légende était elle-même une vérité à préserver, et que son voyage l'avait rapproché d'un bien plus grandiose voyage intérieur.
En retournant vers la civilisation, Valentin, le cowboy philosophe, rêvassait déjà à la prochaine énigme que les montagnes pourraient lui offrir. Grondeterre, quant à lui, soufflait avec douceur, comme s'il était lui aussi transformé par l'éclat de vérité qui s'était reflété en son maître. Ils reviendront, c'était une certitude, car les lieux magiques ont cette faculté d'attirer à nouveau ceux qui les ont découverts.