Dans la bourgade de Neiges-Éternelles, un bonhomme de neige pas comme les autres prenait vie sous le regard ébahi d'enfants emmitouflés. Baptisé Flocon, il était souriant, doté d'une écharpe vermillon et d'une coquille de noix en guise de chapeau.
Un jour de frimas intense, alors que les flocons dansaient comme des plumes d'anges, une étrange mélodie éveilla Flocon. L'allure fière, il ôta le gel de ses yeux-boutons et s'aperçut que le son provenait d'un convoi titanesque, une merveille d'acier et de vapeur qui serpentait à travers la campagne enneigée : c'était le Traineau Express, un train mythique pouvant emmener ses passagers dans des contrées magiques.
— Holà, cher Flocon, déclara une voix mélodieuse, venant des rails. Que dirais-tu d'embarquer dans une aventure qui dépasserait tout ce que tu peux imaginer?
Surpris et intrigué, Flocon fit face à un personnage élégant, portant des lunettes rondes et une montre à gousset brillante comme un soleil.
— Et vous êtes ? s'enquit Flocon, avec un soupçon de curiosité.
— Ah, où sont passées mes manières ? s'exclama le personnage. Je suis Monsieur Horloge, le conducteur du Traineau Express. Et je t'invite à monter à bord pour un périple jusqu'au royaume de Ludos, là où l'imagination devient réalité.
Sans hésitation, Flocon grimpa dans le train, s'accommodant tant bien que mal de son corps cotonneux. Le cocon douillet de son wagon était tapissé de velours grenat, garni de sièges moelleux et orné de guirlandes brillantes.
Le train s'ébranla, faisant trembler le monde de sa cadence rythmée. Flocon observa, ébloui, des forêts de sapins givrés, des lacs cristallins et des prairies saupoudrées de sucre glace.
La nuit tomba, et la lune, grande sentinelle, veillait sur eux. Des étoiles vagabondes racontaient leurs histoires à travers les vitres gelées du train. Flocon se laissa emporter par le roulis hypnotique et sombra dans un sommeil plein de rêves sans fin.
Au matin, alors que les premiers rayons chatouillaient le nez de carotte de Flocon, le train ralentit devant une cité somptueuse. Ludos se dressait majestueuse, bâtie de cubes multicolores, reflétant l'éclat des rivières d'azur qui l'entouraient.
— Voici ta destination, Flocon, lança Monsieur Horloge avec un sourire énigmatique. Le roi de Ludos t'attend.
Le bonhomme de neige, touché par l'accueil chaleureux, se dirigea vers le palais royal, une construction éblouissante de pièces empilées tel un jeu d'enfant prodigieux.
À l'intérieur, Flocon rencontra le roi de Ludos, une figure imposante drapée d'une cape ornée de broderies d'or et d'une couronne en cristal luminescent.
— Bienvenue dans mon royaume, joyeux compagnon de froidure, articula le roi. Je suis Osmar, souverain de ces terres de jeu et de joie. À toi qui viens des contrées gelées, j'ai une requête de la plus haute importance.
— Votre Majesté, je suis prêt à vous écouter. Que puis-je faire pour vous servir? demanda Flocon d'une voix aussi douce que le souffle du vent du nord.
— Une pièce essentielle de notre grande construction a disparu, débuta le roi, une pointe de tristesse dans le regard. Ce cube est le cœur de notre cité, et sans lui, nos foyers et nos sourires perdront de leur éclat. Saurez-vous le retrouver pour moi, vaillant Flocon?
— Je relèverai le défi et ramènerai ce cube à sa place légitime ! s'écria Flocon avec un enthousiasme débordant.
Le roi esquissa un sourire bienveillant, tandis que les courtisans en cubes applaudissaient avec respect.
Flocon entreprit son enquête au sein de la ville, interrogeant chaque habitant, des enfants bâtisseurs aux marchands de couleurs. Mais le cube manquait à chaque version, comme un secret jalousement gardé.
Les jours suivaient et Flocon commençait à désespérer. N'était-il pas assez sage pour déchiffrer cette énigme ? N'était-il pas assez malin pour percer ce mystère ?
— Ne te décourage pas, mon ami de glace, dit une petite fille au cheveux bouclés. Ce que tu cherches est peut-être juste sous ton nez.
Inspire par cette idée, Flocon entreprit d'examiner le palais, chaque recoin, chaque étage. Et là, sur la terrasse la plus haute, caché sous une bâche enrubannée, il trouva le cube convoité, scintillant de mille feux sous le soleil levant.
Triomphant, Flocon ramena le cube au roi Osmar, qui, ravi, le remercia avec une fête grandiose. Musique, danses et rires résonnèrent à travers Ludos.
Le roi, dans un éclat de générosité, offrit à Flocon un soleil miniature, une invention qui garderait son cœur de neige toujours gelé, même sous les caresses de l'astre diurne.
Flocon, ému, salua la foule et, avant de repartir dans son train magique, insuffla une parcelle de rêve à chaque cube de la cité, en guise de remerciement éternel.
Le Traineau Express s'éloigna, glissant sur les rails de l’aventure, emportant avec lui notre héros, qui veillerait dorénavant sur les rêves de tous les enfants.
