Sur la douce nappe du ciel, une montgolfière aux mille couleurs danse parmi les nuages comme une grande fleur qui aurait appris le secret de l'envol. A son bord, un magicien vêtu d'une longue robe étoilée tenait d'une main un chapeau haut-de-forme et de l'autre, un vieux livre aux pages jaunies par le temps. Ce livre n'était pas un recueil ordinaire; il parlait d'une contrée lointaine où les rêves et la réalité se frôlaient comme de vieux amis.
— Quel magnifique matin pour voguer au gré des vents, murmura le magicien, scrutant d'un œil malicieux la courbure bleue de l'horizon.
Soudain, alors qu'il s'apprêtait à ouvrir le livre, une présence légère attira son attention. Un papillon, dont les ailes scintillaient d'un éclat iridescent, se posa sur le bord de la corbeille de la montgolfière. Le magicien et le papillon se fixèrent l'un l'autre, comme s'ils se reconnaissaient malgré l'étrangeté de leur rencontre.
— Bonjour étrange créature, tu es loin de tes fleurs habituelles ici haut, constata le magicien avec amabilité.
Le papillon battit des ailes, semblant répondre à sa manière à cette salutation inattendue.
— Quel est ton nom, jeune aventurier ailé?
Bien sûr, le papillon ne parlait pas le langage des hommes, mais quelque chose dans son vol semblait tracer des lettres dans l'air. Avec un sourire, le magicien comprit.
— Brevol. Voilà donc comment tu t'appelles!
Brevol le papillon, après avoir dansé un ballet aérien, se posa délicatement sur le livre ouvert. Le magicien scrutait les pages, troublé. Brevol butinait, comme s'il cherchait quelque nectar invisible, laissant ses minuscules pattes se promener au gré des paroles magiques écrites sur le papier.
— Que cherches-tu, mon ami? Tu sembles attiré par ce conte de magie, dit le magicien.
C'est alors que le livre frémit comme sous l'effet d'une brise inconnue. Les mots commencèrent à se mettre en mouvement, dansant sous les yeux ébahis du magicien et du papillon. Une lumière douce s'en échappa, enrobant les deux compères dans une aura chaleureuse. Ce n'était pas un livre de contes ordinaires; c'était un grimoire, un grimoire qui révélait le chemin vers la contrée des songes.
— Voilà qui est fascinant! s'exclama le magicien. Je crois que tu me portes chance, Brevol.
Guidé par l'intuition et la curiosité, le magicien suivit le chemin indiqué par le grimoire, pilotant sa montgolfière avec une précision magistrale. Il fit des tours et des détours, montant toujours plus haut, jusqu'à ce que la réalité elle-même semble se dissoudre comme du sucre dans une tasse de thé.
— Nous y voilà, Brevol, nous entrons dans la contrée des songes! dit-il avec exaltation.
Le monde autour d'eux se transforma. Les étoiles dansèrent en rythme, la lune sourit d'un air complice, et les nuages formèrent un escalier de velours, montant vers l'inconnu. La montgolfière se stabilisa sur un nuage plus doux qu'un matelas de duvet, et le magicien, avec précaution, posa pied à terre, suivi de près par Brevol, qui voletait autour de lui.
Les deux explorateurs commencèrent leur périple dans cette contrée de magie et de merveilles où, disait-on, chaque rêve pouvait prendre vie. Ils traversèrent des forêts de cristaux sonores, où chaque feuille chantait une mélodie, et des rivières de lumière, où les poissons brillaient comme des diamants sous l'eau.
— Regarde, Brevol, cela doit être l'Arbre des Souhaits! s'émerveilla le magicien en pointer du doigt un grand saule dont les feuilles semblaient tissées d'or pur.
Brevol semblait d'accord, car il prit son envol vers le sommet de l'arbre, incitant le magicien à le suivre. Arrivés à la base, ils se prirent à murmurer leurs vœux les plus chers. Le magicien souhaita la sagesse pour guider sa magie, tandis que Brevol souhaita, aussi incroyable que cela puisse paraître, la capacité de partager sa vision des couleurs du monde avec tous ceux qu'il rencontrait.
Il se produisit alors un miracle. Les feuilles de l'Arbre des Souhaits se mirent à frémir et à scintiller de plus belle, comme si elles avaient entendu ces souhaits si sincères.
— Quel spectacle! s'exclama le magicien, les yeux grands ouverts d'émerveillement.
Ils continuèrent leur exploration, et bientôt ils arrivèrent près d'un lac où l'eau était si claire qu'elle reflétait non seulement leur image, mais aussi, semblait-il, leurs âmes. Devant eux, sur l'eau, des nénuphars géants dérivent doucement, portant sur leurs feuilles des créatures semblables à des lucioles, mais grandes comme des oiseaux.
— Bonjour, qui êtes-vous? s'enquit le magicien, adressant la parole à une de ces créatures lumineuses qui s'était posée à proximité.
— Nous sommes les Gardiens des Rêves, répondit-elle d'une voix musicale. Nous veillons à ce que chaque rêve trouve son chemin dans le cœur de celui qui en a besoin.
— C'est merveilleux! s'écria le magicien. Et moi, puis-je aider?
Le Gardien des Rêves sourit et d'un geste invita le magicien et Brevol à se pencher sur l'eau. À leur grande stupéfaction, ils virent leurs rêves représentés dans le miroir du lac, vibrants de possibilités et de magie.
— Pour aider, il faut d'abord croire en ses propres rêves, puis partager cette croyance avec le monde, expliqua le Gardien.
Le magicien hocha la tête, touché par une telle sagesse. Il savait à présent ce qu'il devait faire. Le papillon Brevol et lui reprirent la route, prêts à rapporter un fragment de cette magie dans leur propre réalité.
Avec une douce mélancolie, ils saluèrent la contrée des songes et remontèrent dans leur montgolfière. Le livre, comme s'il avait compris, referma ses pages et se blottit dans les mains du magicien. Peu à peu, le monde des rêves s'éloigna, se dissolvant dans le souffle d'un matin tout juste éveillé.
— Nous avons beaucoup appris, Brevol. Je sens que nos aventures ne font que commencer, susurra le magicien, un sourire illuminant son visage éclairé par le soleil levant.
Et tandis que la montgolfière retrouvait le monde ordinaire, Brevol, posé sur l'épaule du magicien, savourait avec son nouvel ami la beauté simple de l'instant présent. Ils formèrent ensemble une équipe unique, prête à enchâsser les moments magiques dans le cœur des rêveurs, où ils prendraient racine et fleuriraient, pour toujours.