Dans les profondeurs infinies de l’espace, où les étoiles scintillent comme des diamants éparpillés sur du velours noir, se trouvait une fusée pas comme les autres. Cette fusée, peinte d'un rouge vibrant avec des touches d'argent, zébrée de rayures bicolores qui rappelaient les cravates fantaisie des grandes occasions, était le domicile douillet et improbable d'un monstre nommé Gromel. Gromel, contrairement à ce que l'on pourrait penser des monstres, n'avait rien d'effrayant ou de menaçant. Avec sa fourrure bleue ébouriffée, ses yeux doux comme deux lunes dorées et une queue touffue qui se balançait joyeusement derrière lui, il ressemblait plus à un énorme jouet en peluche qu'à une créature de cauchemar.
La vie dans l'espace pourrait sembler solitaire pour beaucoup, mais Gromel trouvait un plaisir incommensurable dans les petites choses : jouer avec les météorites qui passaient par là, parler aux étoiles qui, il en était convaincu, lui répondaient par leurs scintillements, et surtout, s'occuper de sa collection de cravates. Oui, vous avez bien entendu. Notre ami monstre avait une passion débordante pour ces accessoires. Chaque cravate, accrochée à un mur de sa chambre, lui rappelait une aventure, un morceau d’univers que Gromel avait exploré.
Un jour, alors qu'il réorganisait sa collection pour la énième fois, une alarme se mit à retentir. Sur son tableau de bord clignotant, une lumière rouge indiquait qu'un objet inconnu s'approchait à grande vitesse. Gromel, curieux et un peu inquiet, se précipita vers le hublot pour observer. À sa grande surprise, il vit une petite capsule spatiale, semblable à un haricot argenté, s'arrimer doucement à sa fusée.
— Oh, des visiteurs ! s'exclama-t-il avec enthousiasme, bien loin de la réaction de peur ou de méfiance que l'on pourrait attendre d'un monstre.
Quand la porte de la capsule s'ouvrit, une dame en combinaison spatiale en sortit, l'air perdu mais déterminé. Elle tenait dans ses bras un petit garçon endormi. Gromel, malgré sa taille imposante et son apparence inusitée, afficha son plus doux des sourires.
— Bonjour, je suis Gromel. Puis-je vous aider ? demanda-t-il de sa voix la plus accueillante.
La dame, un peu surprise mais visiblement soulagée de ne pas être accueillie de manière hostile, répondit :
— Oh, bonjour. Je suis Lisa, et voici mon fils, Tom. Nous avons dû quitter notre vaisseau en urgence, et votre fusée était la plus proche. Pouvons-nous rester un peu pour reprendre nos forces ?
— Mais bien sûr ! s'écria Gromel, ravi de la compagnie.
Lisa et Tom furent vite à l'aise avec leur hôte hors du commun. Gromel, pour sa part, était fasciné par ces visiteurs venus d'aussi loin. Il leur fit visiter sa fusée, leur montrant avec une fierté non dissimulée sa collection de cravates. Lisa, amusée et touchée par cette passion atypique, lui offrit une cravate qu'elle avait elle-même confectionnée durant leur voyage. Elle était décorée de petits vaisseaux spatiaux et d'étoiles filantes, une vraie œuvre d'art à l'image de leur aventure inattendue.
— C'est la plus belle cravate de toute ma collection ! s'exclama Gromel, ému.
Les jours suivants furent remplis de rires, de jeux et d'histoires. Gromel enseigna à Tom comment manœuvrer autour des champs d'astéroïdes en toute sécurité, tandis que Lisa aidait Gromel à ajouter une touche personnelle à sa décoration intérieure, rendant la fusée encore plus chaleureuse.
Le moment vint cependant où Lisa et Tom durent reprendre leur voyage. Leurs adieux furent émouvants, et Gromel sentit son cœur de monstre se serrer. Il avait trouvé en eux une famille, un sentiment d'appartenance qu'il n'avait jamais connu auparavant.
— Tu viendras nous rendre visite, n'est-ce pas ? lui demanda Tom, les yeux brillants d'espoir.
— Bien sûr, répondit Gromel. Et n'oubliez pas de regarder les étoiles. Elles vous guideront toujours à bon port, et peut-être même vers de nouvelles aventures avec moi.
Et ainsi, dans la vaste étendue de l'univers, une amitié improbable avait éclos entre un monstre, une maman et son fils. Une amitié qui prouvait que, peu importe d'où l'on vient, le cœur et l'esprit ouverts pouvaient surmonter n'importe quelle différence.